Mylène Prélat – “Il fait bon voir” : lexique de la vue et coup d’œil satirique chez Du Bellay et ses émules (Jacques Grévin, Jean de Gessée).
Mylène Prélat (U. Bourgogne Franche-Comté)
Dans Les Regrets, le verbe « voir » et le lexique de la vue en général sont abondamment utilisés, en particulier dans la partie satirique du recueil. La manière dont Du Bellay utilise le lexique de la vue dans les sonnets satiriques et, par exemple, la répétition du verbe « voir » et des formules « Il fait bon voir » et « Quand je vois » retiennent notre attention. L’analyse de ce vocabulaire indique un lien étroit entre la vision et la réflexion. Le poète des Regrets se présente en effet comme un témoin qui observe sans cesse le monde qui l’entoure et qui retranscrit les scènes qu’il voit tout en émettant un jugement sur celles-ci. D’autre part, le poète prend plaisir à caricaturer les portraits qu’il dépeint, certaines scènes qu’il décrit le font d’ailleurs rire, et l’utilisation du lexique de la vue au sein de la forme du sonnet favorise précisément la dimension satirique. Le lexique de la vue participe à l’efficacité du coup d’œil satirique du poète et plus généralement à la stratégie poétique et rhétorique des Regrets. Cet aspect particulier de la poésie des Regrets inspire des poètes satiriques qui écrivent dans le dernier tiers du XVIe siècle. Ils reprennent en effet au poète angevin la forme du sonnet, certains schèmes rhétoriques et le lexique de la vue ; nous étudions en particulier des extraits de La Gélodacrye de Jacques Grévin et des Jeunesses de Jean de La Gessée.
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