Pierre Martin – Au péril de Circé : Jean de Léry et la pulsion cannibale

Cette section constitue la partie 9 de 13 du numéro
LE VERGER - Bouquet XXV

Pierre Martin (Université de Poitiers)

 

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Banquet cannibale, Théodore de Bry [iii. Staden-Léry], titre complet : (1592). America tertia pars, Francofurti, p. 159 (Fondation Martin Bodmer – Numérisation Bodmer Lab., Université de Genève).

L’article reprend à nouveaux frais la question du cannibalisme, en insistant sur ce que ce rituel dit moins des Amérindiens que des Européens eux-mêmes qui en contemplent le spectacle avec stupeur. Par l’intermédiaire de la figure de Circé, cette contribution s’arrête sur l’idée d’un brouillage des frontières qui s’opère de l’autre côté de l’Atlantique et qui révèle des dynamiques plus ou moins subliminales à l’œuvre dans le témoignage de Léry. On est en effet saisi, au fil des pages, par l’expérience de la découverte progressive que le voyageur semble faire à l’épreuve de la cohabitation avec les Tupinamba, que ces derniers lui sont plus proches que ne le sont certains des hommes de la vieille Europe. Ce brouillage – qui est aussi une crise de l’identité, qu’il est possible de questionner d’un point de vue médical en recourant à la notion de « fantaisie » qui trompe la perception des sens – s’illustre en particulier dans la célèbre scène du lézard. Tout en rappelant que Léry lui-même est d’un point de vue de l’onomastique lié à un animal qu’on mange (l’huître), il faut insister sur le fait que le péril de la dévoration, qui dans la proximité intime avec les tribus cannibales est une réalité bien concrète, rend perceptible la part terrifiante que l’autre révèle à l’égard du même.

 

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Pour consulter le sommaire du bouquet du Verger sur l’Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil de Jean de Léry, on peut se reporter ici.

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