Contrat doctoral : “L’assassinat d’Antoine Rincon (1541) : la guerre par d’autres moyens” (Université Rennes 2)

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    29/05/2016, 00:00

Le projet se propose d’inverser la fameuse sentence de Carl Von Clausewitz : « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ». Les guerres entre François Ier et Charles Quint, dans l’acceptation classique du terme, sont bien connues. Il s’agit alors de mettre en lumière un autre type de guerre : la guerre diplomatique que se livrent les deux princes. De nombreuses spécificités apparaissent et doivent être mises en lumière. Elles tiennent ainsi en trois points. (1) À l’heure des Grandes Découvertes et de l’élargissement du monde, deux propagandes se déploient sur une échelle immense et inédite jusqu’alors, englobant l’Europe mais également la rive sud de la Méditerranée voire l’Amérique, la Perse et l’océan Indien. (2) Par ailleurs, alors que les réseaux diplomatiques se mettent en place, ceux-ci sont utilisés de manière intensive. (3) Un ouvrage qui a fait date de Maria-José Rodríguez Salgado résume la diplomatie espagnole en un mot : el honor (l’honneur). Existe-t-il diverses manières européennes de faire, un mot pouvant également résumer la pratique française, ou doit-on privilégier une approche similaire et commune ?

Depuis une vingtaine d’années, la connaissance du règne de François Ier s’est considérablement approfondie, avec notamment les travaux de Robert Knecht (François Ier, un Prince de la Renaissance, 1994), de Philippe Hamon (L’argent du Roi, 1994 et Messieurs des Finances, 1999) et les programmes financés par l’IUF de Cédric Michon (Louise de Savoie, Pascal Brioist, Laure Fagnart et Cédric Michon éd., 2015 ; François Ier, Cédric Michon, 2015 ; Le cardinal Jean Du Bellay – Diplomatie et culture dans l’Europe de la Renaissance, Cédric Michon et Loris Petris dir., 2014; Conseils et conseillers dans l’Europe de la Renaissance v. 1450-v. 1550, Cédric Michon dir., 2012 ; Les Conseillers de François Ier, Cédric Michon dir., 2011).

Des angles morts de la recherche sur l’histoire politique et diplomatique du règne sont apparus. Ainsi de la question des relations diplomatiques, pourtant largement glosées, entre la France et l’empire Ottoman. Depuis la publication de La politique orientale de François Ier (Jean Ursu, 1908), presqu’aucuns travaux n’ont été consacrés à cette question, si ce n’est l’ouvrage de Christine ISOM-VERHAAREN, Allies with the Infidels, The Ottoman and French Alliance in the Sixteenth Century, Londres, 2013 [2011] auquel on ajoutera les travaux que Géraud Poumarède a consacrés à l’imaginaire de la croisade. Le personnel politique et le discours théorique sur le pouvoir dans l’entourage de Soliman le Magnifique ont fait l’objet de travaux importants, notamment de thèses inédites (Sjezana BUZOV, The Lawgiver and His Lawmakers, Université de Chicago, 2005 et Ebru TURAN, The Sultan’s Favorite: İbrahim Paşa, University of Chicago, 2007) ainsi que de vastes synthèse parmi lesquelles la Cambridge History of Turkey (2006-2014) ainsi que l’encyclopédie de Christine WOODHEAD, The Ottoman World (Londres, 2011).

Tout est donc en place pour développer des recherches qui peuvent s’appuyer sur l’émergence d’une histoire connectée liée à la mondialisation actuelle et qui conduit les historiens à repenser leur discipline. Il s’agit ainsi de revisiter une histoire trop souvent enfermée dans ses frontières nationales afin de mettre en évidence des réseaux de liens et flux de tous ordres (économiques, financiers, culturels, d’échanges d’informations, de personnes…) propres à des espaces désormais perçus comme interconnectés à diverses échelles spatio-temporelles. L’histoire des relations internationales se prête parfaitement à ce type d’étude puisque la politique extérieure et ses règles ont vocation à être, par définition, partagées par plusieurs entités distinctes.

La méthodologie envisagée s’organise en plusieurs pôles :
D’une part, il s’agit de privilégier une exploration des sources qui ne se limite pas au territoire français : les archives de Simancas en Espagne sont d’une grande utilité, tous comme celles de Milan, Rome, Venise et Istanbul. De la même manière, il convient de croiser des approches historiographiques nationales diverses. D’autre part, une comparaison entre théorie et pratique du droit international naissant doit être réalisée. Il s’agit donc d’analyser ce qu’écrivent les théoriciens du XVIe siècle, à une époque où les traités législatifs se multiplient, afin de les confronter à la réalité : quelle est la valeur de ces études ? Quel degré de respect juridique observent les grands dirigeants ? Que risquent-ils en cas de non-respect du droit international ? Enfin, l’approche doit être multiscalaire, mais également pluridisciplinaire. Les deux propagandes opposées s’articulent en effet sur plusieurs plans : politiquement, avec l’intervention d’acteurs variés (diplomates, hommes d’Église, militaires et théoriciens…), mais également culturellement, en faisant appel tant à des historiens chargés de réécrire l’histoire qu’à des artistes divers (chanson, tapisseries…). L’anthropologie peut aussi trouver une place de choix pour la compréhension des identités nationales et supra-nationales.

Le(a) candidat(e) doit avoir effectué ses Master Recherche sur la diplomatie internationale et le travail des ambassadeurs au XVIe siècle qui l’auront préparé au sujet proposé.

Le(a) candidat(e) devra maîtriser l’anglais et être capable de lire l’allemand, l’espagnol et l’italien.

Description

Inscriptions sur le site de l’UEB