Michèle Clément : « Je veux résoudre en mon fait l’impossible » (d. 280, v. 4) : Les régimes de la contradiction et leur horizon théologique dans Délie
Michèle Clément, Université Lyon II
La contradiction chez Scève est une signature : la plupart de ses textes sont signés par des devises qui s’énoncent comme des contradictions : « souffrir non souffrir », «Non si non la ». Que signale-t-elle en devenant une marque d’identité ? Une instabilité du dire, et, partant, une instabilité du sujet de l’énonciation ou bien une mise en péril des lois de la logique que les textes reflèteront ? L’usage de la contradiction est fréquent dans Déliepuisque Scève s’inscrit dans la tradition pétrarquiste où la contradiction est très présente, ayant pour rôle de dire le trouble psycho-pathologique de l’amour insatisfait, qui fait tantôt se succéder, tantôt coïncider et donc entrer en confrontation des états contraires ou contradictoires. Cependant, malgré le caractère attendu de cette contradiction, elle entre parfois dans le fameux «programme de déconcertement » identifié et analysé par V.-L. Saulnier mais perçu par lui essentiellement comme rhétorique et stylistique. On postulera ici qu’il existe une autre dimension de ce programme de déconcertement en essayant de montrer le lien entre la présence de la contradiction chez Scève et une posture qui ne relèverait plus de la seule phraséologie amoureuse, pétrarquiste mais du discours philosophique fondé sur la coïncidence des contraires, essentiellement repris à Nicolas de Cues. Et le titre du recueil, et le sens du mot idole s’en trouveront éclairés.
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