Aline Smeesters – Le cardinal et le cavalier : la collaboration d’Antonio Barberini et de Gian Lorenzo Bernini selon un poème du jésuite Carlo Bovio (1662).
Aline Smeesters (FNRS – UCL)
Le 2 février 1662, sous le pontificat d’Alexandre VII, un fabuleux spectacle en plein air, avec un décor éphémère et un feu d’artifice, se déroule sur les pentes du Pincio à Rome, pour célébrer la naissance récente (le 1er novembre 1661) du premier fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche. Deux grandes figures ont signé la production de ces réjouissances : le cardinal Antonio Barberini, qui a commandité et financé l’événement, et le cavalier Gian Lorenzo Bernini, à qui le cardinal a confié la conception globale et le suivi du projet. Les rôles respectifs de Barberini et du Bernin ont été mis en récit dans plusieurs relations italiennes (dont la plus complète est celle d’Evangelista Dozza) mais aussi dans un poème néo-latin du jésuite Carlo Bovio, récité au Collegio Romano peu après les faits. Le présent article s’attache à étudier la représentation littéraire de cette collaboration entre le cardinal-mécène et l’artiste, et à montrer comment les deux récits de Dozza et de Bovio tentent de trouver un équilibre, non seulement entre les apports de Barberini et du Bernin, mais aussi entre différents modèles d’inspiration et de création artistiques (génie solitaire vs travail collectif, liberté de l’artiste vs respect de la commande, projet idéal vs adaptation aux contraintes matérielles…). En particulier, la mise en scène par Bovio d’une vision mentale inspiratrice soi-disant vécue par le Bernin sera au centre de notre attention.
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