Samuel Cuisinier-Delorme – Regards de censeurs sur la danse et le danseur dans quelques traités moraux de la Renaissance anglaise.
Samuel Cuisinier-Delorme (Université Clermont Auvergne)
La Renaissance anglaise a produit très peu de traités d’orchestique, mais a vu naître un riche débat sur la danse. Malgré un fort engouement à la Cour, des voix discordantes s’élèvent pour critiquer et condamner l’art de Terpsichore. Ainsi, quelques traités moraux, souvent rédigés par des Réformés, paraissent durant la seconde moitié du XVIe siècle et au début du siècle suivant. Cet article s’intéresse à trois textes emblématiques de la période : A Treatise Against Dicing, Dancing, Plays, and Interludes, with Other Idle Pastimes (John Northbrooke, 1577), A Treatise Of Daunces (publié anonymement en 1581) et The Anatomie of Abuses (Philip Stubbes, 1583). Si les ouvrages diffèrent sur la forme, leur contenu est relativement semblable et renvoie toujours à des questions éthiques, par le biais de la religion et de la morale, mais aussi à des remarques d’ordre biologique ou encore sémantique. Ces approches s’entremêlent au sein d’un raisonnement d’ensemble où les analyses biaisées, toujours faites sur un ton moralisateur et autoritaire, limitent le débat à une condamnation extrême, intransigeante et sans appel. Ces textes allient les arguments théologiques à des considérations bassement pratiques et matérielles. Ainsi, à travers l’étude de ces traités moraux, en nous appuyant sur la rhétorique, le lexique et l’imagerie dont leurs auteurs usent (et abusent parfois), nous proposons dans cet article d’analyser le regard que ces censeurs portent sur la danse et le danseur.
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