Nancy Frelick : L’Heptaméron de Marguerite de Navarre : enjeux et écueils de la lecture biographique.
Nancy Frelick (Université de la Colombie-Britannique)
Sandro Botticelli, L'histoire de Lucrèce (détail), Musée Isabella Stewart Gardner Boston (WGA)
Si les biographies connaissent un renouveau, une réhabilitation dès les années 1980 – en réaction contre le formalisme, le structuralisme – ce « tournant biographique » marque non seulement le retour de « l’auteur », mais aussi d’un certain « romantisme », car les biographes se voient prêter des pensées et des sentiments à leurs objets comme s’il s’agissait de personnages romanesques. Au même moment, les écrivains et les critiques cherchent à brouiller les pistes entre Histoire et fiction à travers l’autofiction, la nouvelle autobiographie ou la biofiction. Par ailleurs, le genre de « l’homme et l’œuvre », devenu canonique après Sainte-Beuve, est revigoré par « la vie et l’œuvre » de femmes nouvellement valorisées en tant qu’écrivaines grâce au mouvement féministe et aux développements en sciences sociales. C’est dans ce contexte que nous examinons la réception de certaines nouvelles de Marguerite de Navarre, en analysant les discours de critiques –Patricia et Rouben Cholakian, ainsi que René de Maulde La Clavière – qui croient déceler dans l’Heptaméron une sorte d’autobiographie voilée, surtout en ce qui concerne les scènes de viol ou de tentatives de viol dans le recueil.
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