Laurent Gerbier : Logiques de la « liberalità » : autour du chapitre XVI du Prince de Machiavel

Cette section constitue la partie 4 de 12 du numéro
LE VERGER – Bouquet II : La libéralité au XVIe siècle

Laurent Gerbier, Université de Tours

Santi di Tito, Portrait posthume de Nicolas Machiavel, seconde moitié du XVIe siècle, Palazzo Vecchio, Florence (source : Wikimedia commons)

Santi di Tito, Portrait posthume de Nicolas Machiavel, seconde moitié du XVIe siècle, Palazzo Vecchio, Florence (source : Wikimedia commons)

 

Si la conception machiavélienne de la libéralité se trouve exposée dans le chapitre XVI du Prince, il n’est toutefois pas possible de prendre la mesure de l’importance de cette notion chez Machiavel sans faire jouer, d’une part, l’ensemble des occurrences du terme (et de ses dérivés ou de ses contraires) dans l’œuvre du Secrétaire, et sans la rapporter, d’autre part, à ses racines latines. Machiavel relit en effet de manière très précise l’ensemble des débats et des tensions qui entourent la conception romaine de la libéralité et de son contraire, la parcimonie. En remontant à ces sources romaines, on découvre que Machiavel investit les notions de libéralité et de parcimonie dans des contextes inattendus (rhétorique, ou militaire, et pas seulement moral ou économique). Pour ordonner cette équivocité des usages des notions morales, il faut recourir à une opposition fondamentale entre les forces propres et les forces étrangères, qui gouverne chez Machiavel aussi bien la conception des forces militaires que celle de la virtù ou celle de la richesse. La libéralité constitue alors un point d’entrée inattendu dans l’architecture de l’œuvre de Machiavel, et elle oblige à considérer que, loin de représenter le lieu théorique de la rupture entre morale et politique, la pensée de Machiavel naît d’une réflexion précise et articulée sur la philosophie morale héritée des Latins.

 

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