Olivier Deloignon : « …de vous en faire a tous ung present … ». Le Champ fleury comme reflet de l’imaginaire du don et du contre-don à l’aube de la Renaissance française
Olivier Deloignon, Université de Strasbourg / École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, Hear, laboratoire De Traits et d’esprit.
Le 28 avril 1529, Geofroy Tory publie L’art & Science de la deue & vraye Proportion des Lettres Attiques… Tory y prône la restauration de l’éloquence gallique vantée par Lucien et symbolisée par l’Hercule gaulois assimilé pour l’occasion à François Ier. La prolixité et la prodigalité de l’antique modèle herculéen l’engagent dans une digression sur la notion même de libéralité et d’abondance et son contrepoint, l’avarice. Se posant tour à tour comme récipiendaire et comme dispensateur de largesses supérieures, Tory exalte un modèle dans lequel celui qui manie les arts libéraux, à la manière antique, fait profiter ses admirateurs des munificences de sa science en concordance avec le modèle cicéronien qui lui sert d’exempla. Tory se place ainsi sous le patronage d’une figure idéale chez qui l’éthique la plus exigeante passe par une splendide libéralité, consacrant ses revenus au service de l’État et au profit du plus grand nombre tout en étant impliqué dans l’action publique et les responsabilités politiques. Le Champ fleury devient alors métaphore de la bienfaisance, reflet des idéaux nouveaux, parfaitement incarnés dans les formes artistiques dont il traite et qui sont à l’image de ce que François 1er devrait être à l’égard des humanistes : « libéral ».
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